Cet atelier in situ fait partie du cycle de connaissance des Espaces Naturels Sensibles (ENS) du Conseil Départemental de Vaucluse.
Le Département du Vaucluse a labellisé 22 sites "Espaces Naturels Sensibles". Tous ces sites ont en commun un intérêt écologique ou paysager et sont fragiles ou menacés. Ils doivent, de ce fait, faire l’objet de mesures de préservation et de gestion. L’ENS de la pérégrine a été labellisée en 2011.
Le 6 mai à 9h30, 23 amoureux de la nature se retrouvaient sous le grand chêne du chemin de la Roberte à Venasque, accueillis par Thierry Decabissolle, 1er adjoint de la mairie de Venasque, qui nous a présenté l’ensemble de l’ENS, propriété de la commune, et sa gestion par l’ONF.
Dans la matinée, on parcourt un ancien paysage agricole, fait de belles terrasses d’anciennes cultures, principalement d’oliviers, de ruines de fermes, de petites cabanes des champs en pierre sèche.
La ferme agro-pastorale de la Pérégrine n’est pas notée sur le cadastre de la fin du XVIème, mais on trouve trace, en 1612, installée sur ces terres, d’une femme du patronyme de Pellegrin qui viendrait de la famille de chevriers exerçant à Venasque au 15ème siècle. Le bâtiment actuel date de la fin 18ème début du 19ème siècle.
Elle est nichée dans un vallon composé de sols relativement hydromorphes (sur un reliquat d’Oligocène de l’ère tertiaire) où devait se cultiver quelques herbages pour le foin des moutons et quelques fruitiers. Le reste des terres devait être en céréales pour la nourriture du troupeau. Une agriculture pratiquement autarcique.
Comme toutes les fermes agro-pastorales des Monts de Vaucluse elle est entourée de murs protecteurs, abrite une grande citerne couverte et un bassin pour abreuver les moutons.
Cette ferme, propriété de la commune de Venasque, est actuellement un « hôtel » dédié à abriter des chauves-souris de toutes espèces.
Le plateau karstique du Chinardon est un espace uniquement de parcours de troupeau composé d’une garrigue à chênes vert et à chêne kermés où on peut identifier une grande variété de plantes et d’arbustes à cette époque printanière (aphyllante de Montpellier, Ciste, orphis, amélanchier, alisier, pistachier térébinthe, filaire…). Ce plateau offre également de superbes panoramas, notamment sur Venasque, le Ventoux et les Dentelles de Montmirail.
Au pique-nique, Catherine Taillefer, éleveuse vient présenter son activité pastorale sur l’ENS.
Données CERPAM 84 (mise à jour 2025)
Le troupeau de 140 brebis de Catherine Taillefer pâture sur d’anciens vergers et près de Venasque, Saint-Didier et Pernes-les- Fontaines (environ 80 ha très morcelés). Elle utilise le site de la Peregrine et la forêt attenante. Cette forêt est un milieu relativement sauvage comprenant des zones fermées de garrigues de chênes verts ou de kermès dense, des ravins profonds et quelques anciennes terres cultivées. La zone pastorale de l’ENS est assez réduite et se limite à d’anciennes zones ouvertes autour du bâtiment de la Peregrine. Sur le chemin de Carignon, quelques poches enherbées d’apphyllante bleu trouent çà et là le plateau très fermé et impénétrable en raison de la plaque continue de chêne kermès. Ces terrains appartiennent à la commune de Vénasque.
Les anciennes terrasses cultivées portent des chênes blancs, des cornouillers, des aubépines et des amélanchiers. Le brome domine la strate herbacée. Des ouvertures pratiquées en mosaïques permettent de faire monter des broussailles et de faire évoluer le milieu vers un verger sauvage pâturé. Le site est utilisé grâce à une convention de pâturage entre la commune et l’éleveur. Les autres parcelles appartenant à des privés sont pâturées sur simples autorisations verbales et leur utilisation reste précaire.
Le CERPAM* a établi un Diagnostic Agroécologique et un Plan de gestion éco-pastoral en lien avec le Parc Naturel Régional du Mont Ventoux pour que l’éleveuse bénéficie des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques sur la période 2024-2028
L’éleveur s’est engagé à faire pâturer les surfaces engagées une fois par an selon une grille d’intensité établie par le CERPAM (sur une trentaine d’hectares stratégiques sur et autour du site de la Pérégrine / partie est de l’engagement).
Aucune citerne pastorale présente. Milieux relativement humides. Transports d’une tonne à eau en période sèche. Le troupeau effectue un passage à l’automne (période d’agnelage) car les parcelles sont les plus proches de l’exploitation (cercle rouge) Des lots d’animaux sont parqués à l’aide de clôtures mobiles (filets) C’est dans ce mode de conduite que les animaux peuvent avoir un impact maximum. On doit les laisser suffisamment longtemps (taille des parcs adaptés au troupeau) pour que l’ensemble de la végétation soit consommé en empêchant ainsi que les animaux trient et ne mangent que le meilleur laissant le grossier et la broussaille reprendre le dessus. Le pâturage des ânes associé peut être souhaitable pour « finir » le travail. Disposant de broyeurs les éleveurs pourront éventuellement compléter le pâturage par des interventions mécaniques ponctuelles sous la direction de l’ONF.Les 3 communes pâturées sont en zone de présence du loup. Il y a donc deux patous dans le troupeau (1 Berger d’Anatolie, 1 Berger des Pyrénées).
Mme. Taillefer et son compagnon possèdent leurs activités de randonnées à dos d’ânes et sensibilisent facilement le grand public.
Circulation de motos importante. Un arrêté communal a été pris pour réguler le passage.
Territoire de chasse des Sociétés Communales, l’ENS est pâturée pendant la période de chasse. Gibier présent : lièvre, chevreuil et sanglier.
CERPAM = Centre d’Etudes et de Réalisations Pastorales Alpes Méditerranée (Service pastoral régional PACA). Le Diagnostic agroécologique (DAE) décrit le système pastoral en place et l’état des lieux des connaissances environnementales acquises par rapport à l’enjeu contractualisé. Il dresse un état des lieux des enjeux sur les pratiques et les contraintes liées au pastoralisme et aux enjeux de biodiversité. Il décrit le contexte dans lequel s’inscrit le contrat, notamment en termes de risque de prédation et de multiusage, qui peuvent contraindre les pratiques à contractualiser. Il est réalisé conjointement par le CERPAM pour la partie pastorale et le Parc naturel régional du Mont-Ventoux pour le volet environnemental et l’enjeu contractualisé.
Compte-rendu rédigé par Danièle Larcena, présidente de Pierre Sèche en Vaucluse, et Bénédicte Beylier, administratrice de Volubilis.
Crédits photos de l'article © A.Y Dautier
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