Les haies, un enjeu fort pour les paysages et la biodiversité dans les Alpilles

Les haies brises vent et les haies liées au réseau hydraulique sont un des éléments des structures paysagères caractéristiques du massif des Alpilles.  Ces haies marquent fortement le paysage des plaines au nord et au sud et leur préservation et leur mise en valeur sont une des recommandations de la Directive paysagère visant à préserver ce paysage exceptionnel.

Protection naturelle apportée par l’homme, les haies de cyprès ont été plantées au XIXe siècle dans le but de protéger les parcelles maraîchères des méfaits du mistral de façon à créer un topo-climat indispensable à la production des légumes primeurs et des vergers de plein vent.

Ce compartimentage dessine un véritable paysage bocager, appréhendé à travers les vastes panoramas depuis les routes et chemins de campagne où le regard est limité par ces clôtures colorées.

Pour ces cultures, les haies de cyprès couplées souvent de palissades de cannes conservent leur rôle positif de brise-vent. Nécessitant un entretien régulier, on les taille du côté des cultures de façon à ne pas gêner la croissance de celles-ci et pour que, sur l’autre face, ils épaississent afin de faire abri. Un savoir encore vivant permet de réparer et d’entretenir les haies.

Par ailleurs, de nombreuses haies naturelles aux multiples espèces végétales accompagnent canaux et filioles. Leur présence révèle l’eau cachée et offre une grande diversité biologique.

Cependant, depuis quelques années avec les nouvelles pratiques culturales, les remembrements, l’apparition massive des serres cathédrales et tunnels, le busage  et le bétonnage des eaux, remettent en cause ces marqueurs indispensables pour le paysage et la diversité des milieux. La pérennité des haies semble remise en cause. En effet, en 20 ans, 28km environ de linéaire a disparu dans le site Natura 2000.

Afin de préserver ce patrimoine le Parc Naturel Régional des Alpilles a engagé une étude – action pour définir une trame bocagère avec tous les acteurs du territoire et particulièrement les agriculteurs et les organismes agricoles. Un diagnostic partagé et des préconisations d’entretien, de replantation et de maintien de ce patrimoine historique permettront de pérenniser et de mieux gérer ce patrimoine qui au-delà de son impact paysager fort constitue une richesse pour la biodiversité et de nombreux autres usages.

Nerte Dautier, administratrice de Volubilis et membre du Conseil scientifique du PNR des Alpilles.

Serres abritées derrière les haies de cyprès

Cultures maraichères et haies de cyprès taillés renforcés par les palissades de cannes